Les objectifs des projets du réseau concourent à apporter des innovations cliniques, développer nos prestations et les collaborations dans le réseau, et cherchent aussi à répondre à un besoin accru en termes de coordination des soins dans un contexte de système de santé sous tension. De manière transversale, ces projets visent à instaurer ou renforcer le partenariat en santé et à favoriser l’autodétermination des patients et usagers et le rôle des personnes en tant qu’actrices de leur santé.
Un exemple ? Notre forum annuel animé par le journaliste de la RTS François Egger, a mis en discussions plus de 80 personnes à Mézières sur la thématique La Santé près de chez vous, citoyen-ne-s, élu-e-s, professionnel-le-s ensemble en action ! Une table ronde (photo) réunissait Chantal Weidmann Yenny, Syndique de Savigny et Présidente de l’UCV, Oriana Villa, Resp. unité interventions communautaires d’Unisanté, Isabelle Brès-Bigey, directrice de l’APROMAD et présidente du Comité RSRL Anne-Dominique Micheli, Directrice de la Fondation du Relais, Christophe Pasche, Médecin généraliste, Vincent Adatte, Directeur adjoint des soins du CHUV Laure Bonnevie, Citoyenne.
Dossier électronique du patient (DEP)
Le Réseau santé région Lausanne (RSRL) s’implique à plusieurs niveaux dans le déploiement du DEP : il joue tout d’abord un rôle actif dans le processus d’ouverture du DEP puisque c’est au RSRL (comme dans chaque réseau de santé) que les citoyens peuvent acquérir la clé numérique personnelle proposée par le canton de Vaud, sésame qui leur permet d’accéder au DEP en toute sécurité. Les réseaux de santé vaudois sont en effet mandatés pour certifier les identités numériques VaudID-santé et pour accompagner les usagers qui ont besoin d’appui pour l’ouverture de leur DEP. Des pages didactiques d’information sur le DEP ont été créées à l’intention des différents publics cibles sur notre site.
La promotion du DEP auprès du public et des professionnels fait aussi l’objet d’actions de communication et de sensibilisation, visant à informer et faciliter l’adoption du DEP. Ces différents volets s’inscrivent dans le projet plus large d’Opérationnalisation régionale de la stratégie de déploiement du DEP (OpDEP), une mission confiée par le canton de Vaud aux réseaux de santé vaudois.
Le RSRL collabore étroitement avec l’association CARA, mandatée par cinq cantons francophones pour fournir la plateforme numérique hébergeant le DEP. Le volet expérimental du mandat nous a permis de mener conjointement avec CARA le projet vitrine DEP@biopôle réunissant un petit groupe de pionniers – patients et professionnels de la santé – décidés à apprendre ensemble de la collaboration autour du DEP.
Un projet « vitrine » pour apprendre ensemble
Dans ce contexte de déploiement du DEP le projet « vitrine » DEP@biopôle a servi de laboratoire d’expérimentation à petite échelle, dès novembre 2021. Mis en œuvre en 2022 et sous la conduite conjointe de CARA et du RSRL ce projet s’est conclu par une évaluation indépendante externe du bureau Strategos, dont le rapport est disponible ici.
Les actrices et acteurs partenaires du projet DEP@biopôle se sont fortement engagés. Au cours du projet, chaque prestataire de soins a développé un projet interne bénéficiant d’un accompagnateur à sa disposition pour faciliter l’affiliation au DEP et sa mise en œuvre. Grâce à leur participation et leurs expérimentations, les enjeux, attentes et conditions favorisant l’adoption du DEP ont été clarifiés, dans le but de pouvoir offrir un DEP orienté client, et qui soit utile, utilisable et utilisé.
Le projet de soins anticipé (ProSA)
Grâce à un processus de discussion avec un professionnel formé et des outils de communication, le Projet de soins anticipé (ProSA) permet, précisément, d’anticiper les décisions relatives aux urgences vitales et aux incapacités de discernement. Le processus de réflexion démarre par une discussion sur les valeurs et les représentations de la vie et de la mort, la personne est ensuite amenée, si elle le souhaite, à rédiger des Directives anticipées et à discuter de ses choix avec son entourage et plus particulièrement son représentant thérapeutique.
Après une phase de tests dans trois structures médico-sociales membres du Réseau Santé Région Lausanne, le projet ProSA passe progressivement à un déploiement élargi au canton de Vaud grâce également au partenariat avec la Chaire de Soins Palliatifs Gériatriques (CHUV/UNIL). Entre 2020 et 2022, des mesures spécifiques ont été mises en œuvre pour réaliser les objectifs clés visant à soutenir les structures dans l’intégration de cette nouvelle pratique, dont :
- Permettre l’adhésion et si possible l’engagement de 15 structures dans le déploiement du ProSA,
- Soutenir l’implémentation en accompagnant leurs responsables dans l’intégration du ProSA dans les pratiques et procédures usuelles de leurs structures,
- Sensibiliser les collaborateur·trice·s des structures au ProSA,
- Former suffisamment de facilitateur·trice·s pour permettre l’accompagnement de 190 patient·e·s.
Au cours du 2ème semestre, le projet est évalué selon un modèle d’effets. La récolte de données a été effectuée en partie comme prévu par des questionnaires adressés aux personnes et structures impliquées et, au vu du faible taux de réponse, celle-ci a été complétée par une série de 18 entretiens semi-directifs.
Les principaux outputs du projet sont la formation au ProSA dont 6 sessions ont permis à 86 personnes de se former comme facilitateur∙trice∙s à fin 2022. L’évaluation par les participant∙e∙s fait ressortir la qualité du e-learning, comme introduction et élément de révision, ainsi que la pertinence et l’utilité des exercices pratiques. Des outils de communication ont été réalisés de manière participative incluant des citoyen∙ne∙s partenaires : le site web www.projetdesoinsanticipe.ch, une vidéo et un flyer de présentation. Les mesures prévues en lien avec l’implémentation se sont surtout centrées sur la présentation du ProSA auprès des structures, l’entretien de la communauté de pratique et le soutien à la formation. En revanche l’accompagnement au déploiement interne n’a que très peu été sollicité, la mesure a donc été réorientée sous la forme d’ateliers offerts aux personnels lors des formations ainsi que par l’organisation de plateformes d’échange entre facilitateur·trice·s.
Quant aux outcomes du projet, les professionnel∙le∙s relèvent que le ProSA apporte une connaissance plus globale et plus fine des patient∙e∙s en tant que personnes (et pas uniquement patient∙e∙s), ainsi qu’une clarification des objectifs thérapeutiques, permettant d’offrir déjà au quotidien et en cas d’incapacité de discernement, un soin plus juste. Du côté des représentant∙e∙s thérapeutique∙s, ils se sentent mieux préparés à cette période, même si ce n’est pas encore suffisant du fait de la charge émotionnelle intense surtout lors des urgences vitales. Du côté des patient∙e∙s, le soulagement – tel que décrit dans la littérature – est un effet qui se retrouve, et auquel s’ajoute un bénéfice « thérapeutique » par le fait de la verbalisation des craintes et la clarification apportée à sa situation. Les dimensions d’autodétermination et du pouvoir d’agir sont également relevées par les participant∙e∙s aux entretiens, grâce au fait de pouvoir s’exprimer et avoir de meilleures compétences en santé. Ils∙elles peuvent alors s’engager et prendre une « nouvelle » place dans leur parcours de soins.
Enfin, les recommandations de ce rapport portent de ce fait sur la sensibilisation de l’ensemble du système de santé et de la population, sur la création des conditions favorables à l’intégration du ProSA dans les pratiques professionnelles, et enfin sur la nécessité de donner des moyens financiers à cet acte de soins dont on sait les bénéfices tant pour les personnes que sur le système de santé.
Voir le rapport d’évaluation complet
Depuis 2022 la formation au ProSA est organisée grâce à un nouveau partenariat avec Espace Compétences.
Plus d’informations sur la mise en œuvre du projet : https://www.reseau-sante-region-lausanne.ch/projet-anticipe-des-soins
Psychiatrie adulte et Plan de crise conjoint (PCC)
Promotion et implantation élargie du PCC (ProPCC+)
Le plan de crise conjoint (PCC) est une mesure anticipée récente et scientifiquement validée spécifique à la santé mentale née à l’initiative des usagers. Son contenu est nécessairement le fruit d’un processus de décision partagée entre un.e professionnel.le et un.e patient.e, voire un.e proche. Le PCC permet un meilleur contrôle de soi et des troubles, renforce l’alliance thérapeutique, diminue les coûts de la santé et les hospitalisations sous contrainte de 25% pour des patients psychotiques et bipolaires. Il renforce également l’empowerment et le processus de rétablissement des personnes concernées, diminue la sévérité des troubles psychiques et les coûts de la santé de façon significative. Son implantation est autant un enjeu de santé publique répondant aux défis humains, sociétaux et financiers des troubles psychiques, qu’un enjeu éthique en Suisse. Le taux d’admissions sous contrainte est non seulement élevé en comparaison internationale, mais également en constante augmentation, de même que les réadmissions.
Etant donné les nombreuses retombées positives du projet d’implantation du PCC dans le canton de Vaud de 2019 à 2021 (ProPCC) et les effets mesurés dans le canton sur les réadmissions précoces et les réadmissions sous contrainte à 9 mois lorsque le PCC est rédigé en prévision de la sortie d’hôpital, Promotion Santé Suisse a octroyé un mandat de suivi aux Réseaux Santé Vaud, sous la coordination du RSRL. Appelé ProPCC+, ce projet, financé jusqu’en 2023, se poursuit en s’adaptant à d’autres populations cibles souffrant de troubles psychiques comme les personnes âgées, les enfants et adolescents. Il s’élargit également progressivement à la Suisse romande. Le projet se déploie toujours en partenariat avec des pairs et des proches, puissant levier de changement, et repose sur les 4 axes du projet initial : la promotion du PCC et des bonnes pratiques, la formation, l’accompagnement de l’implantation institutionnelle, le développement d’une plateforme web et d’une application mobile.
En collaboration avec le CHUV l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, et l’Etat de Vaud, l’implantation et la pérennisation du PCC en psychiatrie adulte dans le canton de Vaud se poursuivent avec l’inclusion de nouveaux partenaires de terrain. L’année 2022 a aussi permis de présenter les résultats du projet auprès des 21 terrains ayant participé à la première phase d’implantation et d’identifier l’évaluation de leurs besoins dans une optique de pérennisation. La formation en présentiel, dispensée en trinôme de composés de professionnel.le.s, de pairs praticien.ne.s en santé mentale et de proches, s’est ouverte à tout professionnel du champ de la santé mentale qui œuvre en pédopsychiatrie, en psychiatrie adulte qu’en psychiatrie de l’âge avancé. Gérée par le Centre de formation du CHUV (CEFOR), bien que toujours dispensée dans les quatre réseaux de soins, il est possible de s’y inscrire via le lien suivant : https://www.chuv.ch/fr/chuv-home/formation/offre-de-formation/offre-de-formation-detail/formation/la-pratique-du-plan-de-crise-conjoint-en-contexte
Rapport d’évaluation finale du projet ProPCC : https://www.reseau-sante-region-lausanne.ch/system/files/rapport_devaluation_finale_propcc_0.pdf
Feuille d’information de Promotion Santé Suisse : https://promotionsante.ch/sites/default/files/2023-03/Feuille_d_information_070_PSCH_2022-06_-_Projet_ProPCC_0.pdf
Plus d’informations : https://www.reseau-sante-region-lausanne.ch/psychiatrie-communautaire-adulte-0
Site web PCC : https://plandecriseconjoint.ch/
Réponse à l’urgence (RAU)
Ce projet vise en particulier à éviter les admissions en urgence ou les hospitalisations pour les personnes – souvent âgées – qui n’ont pas besoin du plateau technique de l’hôpital et pour lesquelles la meilleure prise en charge est généralement celle que l’on peut apporter sur le lieu de vie : à domicile ou en EMS.
Dans notre région, c’est Unisanté qui a été désigné mandataire du Canton pour la conduite de ce projet.
Plusieurs projets ont été testés au sein du RSRL :
- Equipe infirmière dédiée à la réponse à l’urgence – cette équipe est toujours active sous la gouvernance d’Unisanté; elle intervient principalement pour assurer des retours à domicile sécuritaires depuis les urgences du CHUV ou sur demande de la CTMG.
- Lits d’accueil temporaires médicalisés (LATM) – d’abord prévu dans le secteur des courts-séjours d’un EMS ce projet s’est déroulé finalement dans les locaux d’Unisanté et a permis de tester certaines collaborations; toutefois, le faible taux de recours et la localisation trop proche de l’admission des urgences du CHUV ne permettaient pas de tester les hypothèses posées au démarrage; le projet a été suspendu.
- Dispositif d’orientation des urgences communautaires (DUC) en partenariat avec la CTMG – ce projet a également été suspendu en raison de la crise de gouvernance au sein de la CTMG.
Par ailleurs Unisanté assume la présidence de la Commission régionale de la garde médicale pour les cercles de Lausanne et de l’Ouest lausannois en coordination avec le projet RAU.
Une évaluation du programme RAU a été réalisée sur mandat du Canton de Vaud par le bureau Strategos. Ses conclusions ont été jointes à celles d’autres rapports sur différents dispositifs communautaires qui serviront de base à un redéploiement, dès 2023, d’une stratégie de coordination des soins et de l’accompagnement dans la communauté (CoSAC) sous l’égide du DSAS.