Aux limites du système
Chères et chers collègues, membres et partenaires
du Réseau Santé Région Lausanne,
Avec la fin (provisoire ?) des temps de pandémie, deux phénomènes se sont conjugués pour mettre le système de santé sous une tension plus forte que jamais. Il s’agit d’une part de la fatigue des personnels de santé, mis à forte épreuve face au virus et toujours sous pression depuis, dans un contexte croissant de pénurie. D’autre part et en parallèle, la demande de soins n’a cessé de croître en s’exerçant d’une manière très visible sur l’hôpital, mais tout aussi fortement sur les autres milieux de soins : le domicile et l’hébergement médico-social.
Dès le mois de juillet 2022, le CHUV est au niveau d’engorgement 4/4 et il est à craindre, à l’heure où nous écrivons ces lignes, que ce soit désormais un état chronique. Au début de l’hiver dernier sont venus s’ajouter quelques restes de Covid-19, la grippe saisonnière, une épidémie de bronchiolite dans les services pédiatriques et les habituels accidents de ski. Or il suffit que le CHUV tousse pour que tout le système de santé autour de lui s’enrhume : tout le système est sous pression, mais c’est quand l’hôpital est engorgé que l’on semble enfin s’en apercevoir. On a vu soudain dans les médias des personnalités politiques, des assureurs et d’autres responsables tirer la sonnette d’alarme en affirmant que « le système de santé a atteint ses limites ». Bonne nouvelle : toutes ces personnes seraient d’accord, au moins en partie, sur les solutions. Le terme « coordination » figure dans la plupart des discours !
Hélas, deux visions du monde s’affrontent toujours et empêchent une réforme rapide du système de santé facilitant la coordination. D’un côté, il y a celles et ceux qui soutiennent qu’une telle évolution passe par un renforcement du service public, et de l’autre celles et ceux qui croient encore aux vertus de la concurrence et veulent donner un rôle accru au marché. Puisqu’il ne nous appartient pas de trancher, le risque serait de céder au découragement en attendant de voir qui va gagner ? Pourtant, il n’est pas nécessaire de savoir si les limites du système ont été franchies ou pas pour travailler à l’amélioration du fonctionnement actuel, tout en préparant l’avenir, quel qu’il soit ! Réfléchir et agir ensemble est essentiel pour ne pas diluer nos ressources et nos forces ! C’est tout le sens du réseau.
C’est ainsi qu’en 2022, en assurant la coordination entre ses membres, institutions et professionnel·le·s de la région, le RSRL a contribué plus que jamais à l’accompagnement des patient·e·s âgé·e·s et des malades chroniques sur leurs parcours de santé. Nous avons aussi fait avancer des projets d’innovation significatifs pour un meilleur fonctionnement du système à l’échelle du Canton. Lors d’évènements thématiques et conviviaux, nous avons débattu de sujets toujours plus importants, comme le partenariat en santé, le rôle des communes dans la promotion de la santé ou encore les liens entre santé et environnement. En 2023, nous intensifierons ces efforts, notamment en mettant en évidence les possibilités supplémentaires de soulager notre système de santé sous tension grâce au travail en réseau : échanges d’information, intelligence collective, mutualisation des compétences et des ressources seront au cœur de nos travaux.
Au plaisir d’y travailler avec vous !
Isabelle Brès-Bigey, présidente du Comité
et Philippe Anhorn, directeur du RSRL